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Après son portrait dans notre lettre mensuelle, la parole à l’artiste !

Il y a quelques jours, nous vous proposions dans notre lettre mensuelle un coup de projecteur sur le parcours de Barbara Canepa : son univers baroque, son rôle central dans la collection Métamorphose, et ses nombreuses casquettes créatives.

Aujourd’hui, c’est elle qui prend la parole. Dans cette interview exclusive, l’autrice revient sur ses inspirations, ses choix artistiques, les coulisses du Club du samedi… et nous confie même quelques anecdotes personnelles et projets à venir. Un échange riche, sincère et lumineux, à l’image de son œuvre.

Interview Barbara Canepa

1. Parmi vos multiples casquettes (scénariste, coloriste, directrice artistique, éditrice...), laquelle vous apporte le plus de plaisir ou de liberté créative ?

Evidemment celle d’auteur, car je peux explorer en toute liberté la totalité de mon imaginaire, mais j’adore également les échanges et les rencontres artistiques et la collection me permet d’expérimenter tout ça. 

2. Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans la création d’univers jeunesse ?

Mes souvenirs d’enfance.

3. Comment est née l’idée du “Club du samedi” et de cette série nature-pédagogique ?

J’avais besoin de revenir aux choses simples de la vie. Je voulais simplement partager mon amour pour la beauté qui nous entoure et que les jeunes générations ne voient plus, bien trop occupées qu’elles sont, par un monde virtuel qui va trop vite.

4. Vos personnages principaux sont souvent des animaux ou alors ils entourent souvent le héros. Quelle est la motivation pour ce style artistique ?

Depuis que je suis petite, j’ai toujours été entourée d’animaux. Je me suis rendue compte qu’ils sont les seuls capables de me recentrer au cœur des choses essentielles, comme des anges gardiens.

5. Quel personnage du Club du samedi est votre préféré, et pourquoi ?

Urania, parce qu’elle est une sorcière.

6. A quoi peut-on s’attendre pour la suite de la série ?

Il y a une carte qui évolue et s’enrichit à chaque tome. Elle n’est  jamais exactement la même. En effet , ensemble, on visitera tous ces différents lieux et au 12ᵉ tome, cette carte sera totalement colorée et  on pourra ainsi comprendre le secret que cache Urania.

7. Pourquoi avoir choisi un illustrateur différent pour chaque tome ? Était-ce prévu dès le départ ?

Oui, cela avait été prévu dès le début de la création de la série.

Pour deux raisons simples : la première raison est que je tenais à faire une série en 12 tomes avec une sortie semestrielle,  et cela aurait été un engagement presque impossible à tenir pour n’importe quel dessinateur sur une période de  6 ans.

la deuxième raison, c’est qu’après plusieurs déceptions  professionnelles,  je n’ai, aujourd’hui, plus envie de m’engager avec juste un seul auteur.

8. Quels défis cela a-t-il représenté en tant que scénariste pour maintenir une unité dans le récit ?

Mon travail ne se réduit pas seulement à celui de scénariste, car comme créatrice de la série j’ai un travail plus complexe  :  maintenir la qualité des ouvrages et une unité générale, en tenant compte des  différents styles de chaque nouveau dessinateur,  sans perdre l’empathie du lecteur pour les personnages. On ajoute à ça le fait que je suis la  coloriste et la maquettiste !

Bref… Mon travail en coulisses est assez conséquent.

9. Comment avez-vous collaboré avec Florent Sacré, Jérémie Almanza et Giovanni Rigano ? Des anecdotes de travail à partager ?

Ce sont tous des auteurs exceptionnels, avec chacun une entité et un graphisme  très fort mais surtout, ce sont des amis. Des anecdotes? Il y en a plein ! Je ne saurais pas par où commencer !

10. Vous avez déjà travaillé avec de grands noms de la BD, avec quel(le) artiste souhaiteriez-vous coopérer dans le futur et pourquoi lui(elle) ?

Dans les prochaines années - et pour la première fois - je compte me concentrer plus sur moi-même et sur des projets personnels que je réaliserai à 100% seule. Je vais revenir à  l’écriture, et aux illustrations en traditionnel.

11. Votre travail est souvent associé à un imaginaire baroque, doux et coloré. D’où vient cette esthétique si singulière ?

C’est vrai, car mon imaginaire et ma culture sont devenu la marque de fabrique de la collection Métamorphose . Et j’ai souvent été copiée pour ça…  

D’où cela vient ? De ma famille et leur amour des livres anciens, de mes études artistiques, de mon amour pour la peinture flamande et les illustrateurs comme Bauer, Rackham, Dulac, Grandville, etc.

12. Vous avez aussi beaucoup travaillé en couleurs directes. Quel rôle la couleur joue-t-elle dans votre narration ?

Les couleurs dans mes séries personnelles sont aussi importantes pour moi que les dessins … et j’espère que cela se voit!  Les couleurs plongent les lecteurs dans l’univers, dans l’histoire, elles sont donc un vrai accompagnement narratif.

13. Le tome 1 de Au chant des grenouilles disposait d’une version en ton Sépia. Pourquoi ce choix ? Cela sera-t-il proposé pour d’autres tomes ?

Parce Florent Sacré , le premier dessinateur il avais realisé ses pages avec cette technique. Et ces pages étaient tellement belles avant ma mise en couleurs, que cela aurait été une folie de ne pas montrer son travail.

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14. En quoi Au chant des grenouilles prolonge-t-il ou diffère-t-il de vos précédentes séries comme Sky Doll ou End ?

Je raconte toujours la même histoire, dans  toutes mes séries, y compris dans “WITCH”. "Au Chant des Grenouilles” est juste pour un public plus jeune et pour les grands qui ont su garder une âme d’enfant.

15. Quel serait, selon vous, l’univers visuel rêvé que vous n’avez pas encore exploré ?

Vous le saurez très bientôt dans une nouvelle collection qui verra le jour en 2026 ! Dans plusieurs pays!

16. Si vous pouviez parler à la Barbara Canepa de 1996, juste avant W.I.T.C.H., que lui diriez-vous ?

Je suis quelqu’un de fataliste, je crois fortement au destin. Quand je me retourne vers mon passé, même s’il est plein de difficultés, de conflits et de  batailles pour mes droits, tout m’a amené ici, où je suis aujourd’hui.

Je pense que je dirai à la Barbara de 1996 de faire plus attention aux contrats, et aux gens toxiques? Peut-être bien… Donc je suis devenue, forcément, plus sélective dans ma vie après toutes ces mauvaises expériences.

Mais je crois fortement à deux choses :

    • Au karma : il suffit donc d’attendre patiemment dans son coin.  Il existe une justice plus élevée qui s’occupe naturellement de remettre les choses dans l’ordre
    • Et à la pensée positive : elle peut s’avérer très puissante sur nous-même mais également très efficace si elle est projetée vers les autres. Je tente d’aller dans cette direction depuis plusieurs années avec les gens que j’aime et avec lesquels  je collabore.