Fin avril, nous vous offrions une preview du premier tome de la série Pompéi et l'occasion de participer à une scéance de dédicaces avec Paollo Grella pour célébrer la sortie de Assa. Aujourd’hui, nous remercions chaleureusement Paolo pour sa visite, ses dédicaces, et le temps qu’il nous a consacré pour répondre à nos questions.
Interview avec Paolo Grella
1) Qu’est-ce qui vous a attiré dans l’univers de la Rome antique, et plus précisément dans le contexte de Pompéi ?
Je suis né et j’ai grandi à Rome, donc j’ai respiré l’antiquité depuis le début. J’ai toujours été fasciné par la période historique, à la fois pour l’architecture, mais aussi pour l’unicité et la grandeur de l’empire romain. Pompéi, en tant qu’italien, a toujours eu un grand charme, avec son art, sa beauté, sa tragédie.
2) Y a-t-il un univers ou une période historique que vous rêvez encore d’illustrer ?
J’aime beaucoup le XVIIe siècle, une période particulière, des grandes explorations, l’art, les grands empires en lutte... surtout une histoire maritime qui se déroule à cette époque.
3) Comment se sont déroulées vos collaborations avec Rudi Miel et Fabienne Pigière, les scénaristes ? Aviez-vous une certaine liberté graphique ou narrative ?
Nous avons déjà travaillé ensemble sur Libertalia, et depuis le début ils ont toujours respecté mon style, et m’ont toujours laissé une certaine liberté d’expression, graphique et narrative, à condition de toujours respecter l’histoire.
4) Votre style est souvent qualifié de sombre et expressif. Comment avez-vous travaillé pour retranscrire l’ambiance de Pompéi à la veille de la catastrophe ?
Sur Pompéi, j’avais besoin d’être moins impressionniste et plus détaillé. Trop de détails à représenter, et il aurait été dommage de les perdre pour un discours stylistique. En fait, Pompéi a beaucoup moins de noirs, et est beaucoup moins sombre que mes œuvres précédentes. Au moins jusqu’à ce que nous approchions de l’éruption, où les couleurs deviennent plus désaturées, et le drame prend le dessus.
5) Avez-vous effectué des recherches documentaires ou des repérages pour recréer la ville et ses habitants avec fidélité ?
Oui, beaucoup de recherche est nécessaire pour une telle bande dessinée. La bonne voie m’a été dictée par les scénaristes, et en particulier par Fabienne qui est archéologue. Après j’ai continué en approfondissant et en étudiant le période historique, en étudiant les différents styles picturaux, les reconstructions des bâtiments, les vêtements, l'architecture...
6) Y a-t-il une case ou une planche du livre dont vous êtes particulièrement fier ? Pourquoi ?
© 2025 Pompéi T1 - Miel Rudi, Pigière Fabienne & Grella Paolo - Ed. AnspachLa double page 6 et 7, où la reconstruction de Pompéi et de la zone environnante y compris le vésuve, a été minutieuse et fatigante...
puis la dernière page, où l’effet de la tempête de cendres, a été réalisé en mélangeant aux aquerelles de la vraie cendre volcanique, du volcan Cumbre Vieja, prélevée sur l’île de La Palma.
© 2025 Pompéi T1 - Miel Rudi, Pigière Fabienne & Grella Paolo - Ed. Anspach
7) Assa est un personnage féminin fort dans un contexte historique souvent dominé par les figures masculines. Comment avez-vous abordé sa représentation ?
En fait, je pense que le contraste est très présent dans toute l’histoire. Assa tente d’échapper à son destin, mais le contexte de la vie romaine de l’époque était impitoyable. Malgré tout, elle trouve son chemin grâce à sa force et sa détermination. Son caractère devait transparaître aussi dans le dessin, c’est pourquoi j’ai décidé de la représenter comme une femme forte et déterminée, du regard dur et combatif, comme par exemple dans le dessin de couverture.
8) Est-ce qu’une suite est bien prévue ? Si oui, quel personnage sera présenté ? Et quel est le personnage que vous êtes le plus impatient de présenter dans cette série ?
Pompéi est une série composée de 4 albums, pour le moment. Chaque album est une histoire complète et raconte un extrait de la vie du personnage. L’idée est d’avoir 4 visions différentes de l’événement qui a mené à la fin de Pompéi, mais qui en fait l’a rendu immortel. Je suis en train de réaliser le deuxième tome, qui raconte l’histoire d’un gladiateur. Tout différent du premier album, tant au niveau de l’atmosphère que du décor. Chaque livre explorera un aspect de Pompèi, juste avant sa fin.
9) Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre évolution artistique depuis vos débuts avec L’ombre du temps ?
Beaucoup de temps s’est écoulé, et beaucoup de pages aussi. Je ne me suis jamais arrêté pour analyser la qualité de mon travail par rapport au passé. Mais je regarde cette période avec fierté, parce que Le Manuscrit interdit (L’ombre du temps) a été mon premier travail, une série toute peinte en couleur directe, avec une ambiance complexe, entre le Tibet, l’Inde et Los Angeles des années 50. Je trouve le troisième tome de la série un livre vraiment de bon niveau; quand je le regarde, encore aujourd’hui, je suis fier.
***Fin de l'interview***
Conclusion
Cette plongée passionnante dans les coulisses de Pompéi nous permet de mieux comprendre la richesse artistique et historique qui habite le premier tome. Entre reconstitution minutieuse, personnage fort et approche graphique subtile, Paolo Grella nous offre une œuvre intense et habitée.
Bonne nouvelle pour les lecteurs conquis : un deuxième tome est déjà en préparation et nous entraînera dans l’arène, aux côtés d’un gladiateur.
Aucune date de sortie n’est encore annoncée, mais une chose est sûre : l’attente en vaudra le détour.
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